Nous quittons Tarente sur cette image de regards d'enfants. Passage au poste de gazoil où un étudiant anglo-saxon inonde notre bidon de 25 litres de deux litres supplémentaires pour le plaisir des odeurs que renfermera notre coffre. Ajoutons la Gd Voile qui coince afin que je fasse le singe sur l'échelle de mât, sous le regard d'un beau voilier venu nous porter secours, merci pour cette solidarité, même si nous nous sommes débrouillés tout seuls. Torre Zozzoli. notre mouillage, n'est qu'une forêt de parasols, nous y dormirons en paix sous la garde de nos deux ancres avant et arrière. Le lendemain,vers Torre del Ovo, nous navigons de concert avec un 35 pieds et je dis à Dagi "à St Raphaël j'enverrai toute la toile pour être sûr de trouver encore une place au mouillage, mais ici…" sauf que ce voileux, lui met soudain son moteur pour arriver le premier exactement à la place que j'avais prévue! Mais il va dans 2m d'eau et nous dans 3m, ce qui nous laisse beaucoup de place. Au bout d'une heure il s'en retourne à son port, nous laissant seuls dans cette sorte de crique tressée de courants circulaires qui vont tourbilloner jusqu'à minuit. Nous couchons à l'arrière, le tapage est moindre mais la chaleur double et les moustiques voraces. Levé à 5h45 pour un démarrage à 7h30 avec du bon petit vent. Nous n'avons consommé que 60 € de gazoil depuis un mois (ça fait dix jours qu'Éole est avec nous) Gallipoli est notre étape de rendez-vous avec Axelle et Alexis. Cette ville est superbe, comparable à Ibiza avec un plus d'architecture et un moins de couche-dehors. Le vieux port est un bijoux, mais un vieux colonel avec chapeau de paille nous dit "privato". Il ne reste qu'un quai de pêche sans eau ni électricité… ni droit de s'y mettre sans être dérangé ensuite par les chalutiers. La marina du Porto Mercantile (entendez par-là un port de commerce sans aucun trafic) est d'un accueil peu cordial et violemment exposée au ressac par ce vent du nord : une place qui ne vaut pas 2 euros mais coûte 35. En compensation je pars avec un bout de cordage équipé d'un amortisseur caoutchouc oublié là. Prise de bonne guerre. Alex et Axelle errent dans la ville une heure avant de pouvoir nous rejoindre vers 21 heure depuis la gare, tant les indications de Dagi sont claires et précises… Le soir nous dînons délicieusement, il faut bien le dire, d'un menu turistico à 18 € pour Axelle et moi, et de deux plats de poissons du jour à 35 € pièce pour Dagi et Alex! Protestations véhémentes de nous deux; Le patron dans son petit bureau de terrasse (les propriétaires sont très souvent à ce poste de comptable près de la porte) tente d'abord de nous rendre un billet de dix, puis de 20, en expliquant que c'est 50 € le kilo, cette assiette! Bref les jolis endroits (les spots) nous agacent très vite et nous trouvons très chouette les places nulles, sur le plan culturel et pittoresque, de cette planète ravagée par le tourisme géant, aérien, ferré et routier. C'est avec bonheur que nous serons tous les quatre dans l'eau verte du prochain mouillage entre Torre Pali et Torre Vado. Assez délicat d'accès à cause de hauts fonds rocheux, comme des reefs indonésiens, qui nécessitent un barreur sur le pont et un pilote à la carte pour emprunter les passes. Très bon farniente dans ces eaux-là jusqu'au lendemain 13h où nous ferons les 7 ou 8 miles qui nous séparent de Santa Maria Di Leuca. Ce serait ici que Saint-Pierre, premier touriste fortuné aurait atterrit venant de Judée. Miraculeusement le temple magnifique dédié à Minerve qui surplombait l'anse où son bateau fut amarré, cette prodigieuse élévation de chapiteau massifs sur géométrie de colonnes de marbre pur… s'effondra de honte devant la vérité de évangiles. On connaît la suite prospère de cette grande aventure mystique et nos Normands et leurs architectes ont compensé toutes ces pertes archéologiques en élevant force cathédrales dans cet ancien royaume des Deux Siciles. Pour Santa Maria Di Leuca, cette gloire initiale fit que petits princes et grands notables construisirent là entrer la fin du XVIIIe et le début du XIXe leur palais résidentiels de vacances-à-la-mer. Ce que j'espère avoir bien rendu avec ces quelques photos. Demain nous espérons une relâche dans le flux de vent du Nord qui nous bloque l'entrée dans l'Adriatique.